Je suis bien arrivée à Kigali. En classe Affaires s.v.p.! Eh oui, à Amsterdam, j’ai été surclassée. À l’aéroport de Schiphol, il y a des bornes où vous pouvez vous enregistrer, obtenir votre carte d’embarquement et choisir votre siège. Puisqu’on m’avait attribué un siège près de l’allée, je voulais changer pour une place près de la fenêtre. Et les seules places disponibles étaient… en classe Affaires.

Parfois, lorsque l’avion n’est pas rempli, on distribue de meilleurs sièges au petit peuple qui, comme moi, peut seulement se permettre la classe Économique. Que trouve-t-on de plus en classe Affaires? Rien de spécial… mais au lieu d’avoir un siège qui ne peut s’incliner à plus de 45 degrés, vous avez un fauteuil (beaucoup plus large et confortable) qui vous permet d’être en position horizontale, avec un soutien pour vos jambes. De plus, les agents de bord sont aux petits soins avec vous. Vous avez des écouteurs aussi performants que ceux d’un DJ et vous utilisez la salle de bain de la Première classe (avec petites crèmes pour les mains et le visage, exfoliants, etc.). Bref, c’est la vie des gens riches qui se croient célèbres!

Dès mon arrivée, on m’a invitée à fêter, le 1er janvier, avec une famille originaire de Butare (une ville au sud du pays). Pour déplacer une partie des membres de cette famille (femmes et enfants) un petit autobus a été loué. Les hommes eux, sont venus en camionnette.

En kinyarwanda, le mot « inzu » signifie famille, prise au sens large. Elle inclut tout le monde, en passant par les grands-parents, les parents, les enfants, les oncles, les tantes, les cousins et les cousines et pourquoi pas les voisins. Pour les Rwandais, la famille c’est un organe vital et vous en faites automatiquement partie. On vous y accueille comme si vous aviez toujours été un des leurs, peu importe votre couleur, votre langue ou votre religion.

Lors de cette rencontre familiale, nous avons célébré le Nouvel An, un anniversaire de naissance et la visite d’un des membres qui vit dans un autre pays. Nous avons mangé et discuté, pendant que les enfants jouaient ensemble. Mais ce qui m’a le plus touchée, ce sont les discours qui ont été prononcés à la fin de ce rassemblement.

Un des hommes de la famille, qui vit présentement avec sa femme et ses enfants en Afrique du Sud, a pris la parole. Il s’est d’abord excusé de ne pas être venu visiter sa famille au cours des dernières années. Il a expliqué qu’il voulait revenir au Rwanda avec tous ses enfants pour les présenter aux membres de sa famille (il a 5 enfants entre 8 et 3 ans). Il a demandé à tous de se présenter afin que ses enfants puissent se souvenir du nom de chacun d’eux. Pour lui, c’était primordial que ses enfants, de retour en Afrique du Sud, appellent par leur prénom les membres de leur famille. Il ne voulait pas que ceux-ci leur fassent référence en mentionnant mon cousin ou ma cousine. Ah oui! est-ce que je vous ai dit que nous étions plus de 25 personnes à cette petite rencontre familiale?

Ensuite, le fils de notre hôte à pris la parole. Son père est décédé pendant le génocide et son frère et sa sœur étudient à l’étranger. C’est donc lui l’homme de la maison (il doit avoir environ 26 ans). Il a remercié tous les gens présents au nom de sa mère. Il a souligné l’importance d’être unis en tant que famille, même si certains membres vivent dans un pays étranger.

Finalement, celui qui célébrait son anniversaire s’est levé pour remercier sa tante qui avait organisé la journée. Ses parents sont décédés lors du génocide et c’est sa tante (sœur de sa mère) qui fait figure de modèle maternel. Il était très ému… et moi aussi!

Je ne peux vous décrire la solennité de ces discours. C’était un moment empreint d’authenticité et de gravité. Ces gens sont fiers et heureux de faire partie d’UNE famille. Je les ai quittés en sentant que moi aussi je faisais partie de cette famille et que j’y serais toujours la bienvenue! C’était mon cadeau d’accueil en terre rwandaise.