Quatre mois au pays des mille collines: bilan du INZU Lodge

Avril est un mois éprouvant et même déchirant pour la plupart des Rwandais, car il rappelle à plusieurs les faits dramatiques qui se sont produits il y a 17 ans. Une semaine de deuil est respectée du 7 au 14 avril, mais des cérémonies de commémoration seront célébrées pendant les 100 jours qui représentent la durée du génocide. Le thème de cette année, déterminé par la « National commission for the fight against genocide » est “Upholding the truth: preserve our dignity”. Trois événements importants se sont tenus pendant cette semaine de commémoration : Candle lighting, Walk to Remember et Genocide Exhibition.

L’événement « Candle lighting » a débuté en 2009, lors de la 15e cérémonie de commémoration du génocide. Dans la nuit du 7 avril 2009, au Stade Amahoro de Kigali, 10 000 mille chandelles ont été allumées et disposées de façon à écrire le mot « espoir » dans les trois langues officielles du pays : kinyarwanda, anglais et français. Cliquez ici pour voir une vidéo et des photos de ce moment magnifique. Depuis, plusieurs personnalités du monde entier ont allumé une chandelle en mémoire des victimes du génocide et en support aux survivants.

Des milliers de personnes ont suivi leur exemple et ont allumé eux aussi une chandelle. Plusieurs vidéos sont diffusées sur Youtube et un événement Facebook a été créé cette année : LIGHT A CANDLE FOR RWANDA 2011. Le soir du 7 avril, des milliers de chandelles ont brillé pour redonner espoir aux Rwandais.

Le 9 avril, des milliers de Rwandais et d’étrangers ont participé à l’événement « Walk to Remember », qui s’est déroulé entre le rond-point KBC et le stade national, à Kigali. Cette marche est une initiative de membres de l’organisation Peace and Love Proclaimers, afin de se rappeler des victimes du génocide de 1994 et de prévenir de tels drames dans le futur. La première marche a eu lieu le 16 mai 2009 et plus de 1 200 marcheurs y participaient. En 2010, ce sont près de 8 000 personnes qui se sont déplacées entre le parlement et le stade national, à Kigali. Aujourd’hui, cette marche se déroule dans plusieurs pays dont, entre autres, le Burundi, le Kenya, la Tanzanie, l’Uganda, l’Angleterre, la Malaisie et l’Inde.

Finalement, une exposition s’est tenue du 7 au 12 avril, dans le petit stade de Kigali. Celle-ci abordait des thèmes tels que le rôle de plusieurs institutions, des médias et des groupes religieux dans l’organisation et l’exécution du génocide, mais également le progrès réalisé par le Rwanda depuis les 17 dernières années.

Sur Facebook : Honouring memory, Telling the truth & Rebuilding Rwanda

Pour ma part, j’ai vécu cette semaine de deuil assez difficilement, car chacune des personnes que je côtoie, presque quotidiennement, m’a révélé un petit bout de son histoire. Savoir que ces personnes ont traversé des événements traumatisants est une chose, entendre les détails de ceux-ci en est une autre.

Avec un groupe d’amis, nous sommes allés visiter une orpheline du génocide. Cette jeune fille d’environ 25 ans a perdu ses parents et tous les membres de sa famille dans le génocide. Elle a été adoptée par une âme charitable quelques années plus tard. Mais, pour ajouter à son malheur, cette personne est décédée dans un accident de voiture en 2008. Elle est donc seule au monde ! Je ne sais pas si les mots « seule au monde » sont assez forts pour décrire la solitude de cette jeune fille. Les larmes aux yeux, elle nous remerciait de notre visite, car elle peut passer plusieurs mois sans que personne ne vienne la voir.

Vous savez ce que j’ai trouvé le plus difficile ? C’est de ne pas pouvoir comprendre la profondeur de sa blessure. Tous les gens du groupe qui la visitait sont des orphelins du génocide. Ils pouvaient donc savoir ce que cette fille ressentait. Mais moi, j’étais à des années lumière de la douleur qu’ils partagent tous. Il y a des moments dans la vie où les mots sont inutiles et le fait de savoir que vous n’êtes pas seul à vivre cette souffrance peut vous soulager un peu. Eh bien moi, malgré toute ma bonne volonté, je ne pourrai jamais comprendre ce que ces gens ont vécu. Je suis spectatrice d’un mauvais film qui me touche profondément, mais lorsque les lumières vont se rallumer, ce sera fini pour moi. Je serai bouleversée, mais dans quelques jours j’aurai oublié et ma vie va continuer. Mais eux, les survivants du génocide, vivent avec ce fardeau depuis 17 ans et le porteront encore longtemps, chacun à leur façon.

Sur une note plus joyeuse, le contrat d’achat de la parcelle à Gisenyi est passé entre plusieurs mains, pendant le mois d’avril, afin d’officialiser la transaction. Plusieurs paliers administratifs doivent le signer. C’est donc en mai que j’aurai le contrat final et la fiche cadastrale du terrain. Ce document me permettra de présenter un dossier complet à la Banque de Développement du Rwanda, où je demanderai un financement pour le projet.

La saga de mon visa se poursuit de plus belle. Mon visa temporaire se termine le 30 avril 2011 (demain !!!). J’ai réussi à envoyer mes empreintes digitales à la Gendarmerie royale du Canada à la fin du mois de mars, mais le traitement du dossier exige près de 12 semaines. Le personnel du Rwanda Development Board a été très coopératif. Il m’a aidée à obtenir un certificat d’investisseur. Ce document permet aux investisseurs de bénéficier de plusieurs privilèges, dont des exonérations de taxes, mais aussi de faciliter les démarches pour obtenir un visa. Mais, malgré ce document, étant donné que je ne peux pas fournir de copie originale d’un certificat de la police canadienne, The General Directorate of Immigration and Emigration ne peut pas me délivrer un visa pour une année. En théorie, on ne peut pas me donner un deuxième visa temporaire. Je n’aurai probablement pas mon certificat de la GRC avant juin ou juillet. Alors, qu’est-ce qui va m’arriver le 1er mai 2011 ? Est-ce que je serai en situation d’illégalité au Rwanda ? Je ne sais pas… dossier à suivre !

Finalement, la bonne nouvelle d’avril est que vous êtes de plus en plus nombreux à lire les publications du INZU Lodge. Le blogue célèbre ses 6 mois d’existence. Depuis ses débuts en novembre 2010, plus de 6 000 pages ont été visitées et 30 articles ont été publiés. En avril, environ 45 pages ont été consultées chaque jour. Le 4 janvier dernier, 159 pages ont été vues ! C’est donc dire que vous êtes nombreux à vous renseigner sur le Rwanda et que mon objectif, qui est de vous faire apprécier ce magnifique pays, se concrétise.

Les articles les plus consultés :

Mais le plus beau dans tout ça c’est que vous avez laissé plus de 140 commentaires à propos des articles publiés. Merci de me suivre dans mes aventures et de m’encourager à poursuivre la réalisation de ce projet qui me tient à cœur.

Vous pouvez aussi suivre INZU Lodge sur Facebook. À ce jour, 66 personnes « aiment » INZU Lodge sur Facebook. Mon objectif: atteindre 100 personnes dans les prochaines semaines! Alors, si vous avez un compte Facebook, suivez le lien et cliquez sur « j’aime ».

Vous pouvez également nous suivre sur Twitter : twitter.com/INZULodge

Vous n’avez pas encore répondu à notre petit sondage ? Il n’est pas trop tard ! Cliquez ici

Vous pouvez maintenant démontrer votre appréciation d’un article en cliquant sur les étoiles en dessous de la publication ! N’hésitez pas à laisser vos commentaires et à attribuer des étoiles.

4 commentaires sur « Quatre mois au pays des mille collines: bilan du INZU Lodge »

  1. Bonjour,
    J’ai malheureusement toujours eu des difficultés de visa au Rwanda… quand au génocide, c’est toujours quelque chose de difficile à vivre avec les habitants de ce pays magnifique. On peut les écouter… mais on n’arrive jamais à comprendre l’ampleur du malheur et de la cruauté! Bien cordialement, Benjamin Michelon

  2. Merci de nous partager ce que tu vis dans cette belle aventure.

    C’est toujours un plaisir de te lire et je le fais avec grand intérêt à chaque nouveau blogue.
    À travers toi, j’apprends à découvrir ce pays et ces habitants qui me sont déjà familiers… d’une certaine façon!

    Félicitation pour ton courage d’aller au bout de ce projet qui, manifestement, habite ton coeur.

  3. Bravo encore pour ton article, tu écris toujours aussi bien. Je suis aller louer le film que tu as suggéré « Shake hands with the devil », hallucinant, ya pas d’autres mots. BONNE chance avec ton statut, faut ce qui faut des fois, CONTINUE!

  4. Chaque courriel nous éduque, nous renseigne et nous instruit sur les moeurs et coutumes mais également sur le quotidien de ces personnes. Ils sont courageux et à travers tes écrits, nous en prenons conscience. Déjà après tous ces mois et tes démarches, tu grandis et t’épanouies, ton âme t’a conduit en ces lieux. À chaque lecture, tu nous apportes du soleil à notre quotidien et j’attends tes courriels avec impatience car j’ai l’impression que tu vis des choses extraordinaires et quelque peu déstabilisante ce qui forme ta nouvelle identité. J’apprends à mieux te connaître et comprendre ton cheminement. Tu sais que nous sommes plusieurs fidèles à te suivre et comme on parle de toi autour de nous, ton cercle d’amis s’agrandit.
    Marie-Noëlle prend le temps d’écrire un livre sur ton projet pour pouvoir le partager avec d’autres et ainsi après l’impression, tu pourrais créer un fonds pour venir en aide à ces gens ayant vécus le génocyde et ainsi donner un certain montant dont la somme (5 $) par livre pourrait aller à ce fonds pour aider ces gens. Ce serait ta façon, à ta mesure de leur signifier ton attachement envers eux mais également, une façon de changer les choses. Tu dis que tu ne peux pas sentir la perte qu’ils ont vécus, ce n’est pas nécessaire, ton coeur a senti leur perte. Notre empreinte dans la vie n’est pas seulement vivre en couple et faire des enfants, c’est également laisser une bonne oeuvre ou une bonne action qui nous survit. C’est une façon significative qui te permettra de redonner à ton pays d’adoption, une parcelle d’attention et d’amour, envers les gens qui t’ont accueilli.

Répondre à MichelonAnnuler la réponse.