Cinq mois au pays des mille collines: bilan du INZU Lodge

Dans mon dernier bilan, je vous ai laissé sur un suspense, car mon visa expirait le 30 avril 2011. Donc, au mois de mai, me suis-je retrouvée  en situation d’illégalité au Rwanda puisque je ne pouvais pas fournir un certificat de la police canadienne à The General Directorate of Immigration and Emigration ? Eh bien non! Je vous rassure. L’immigration m’a accordé un deuxième visa temporaire, d’une durée de trois mois, en attendant d’avoir le document de la Gendarmerie royale du Canada (GRC). Plus merveilleux encore,  la GRC a finalement émis mon certificat et une bonne amie (merci Mariette) me l’a envoyé au Rwanda. Il est présentement quelque part entre le Canada et le Rwanda. Je devrais le recevoir dans les prochains jours. Ceci mettra fin à la saga du visa puisqu’on m’accordera un visa d’une année, et pour son renouvellement je n’aurai pas besoin d’un nouveau certificat de la police. La morale de cette histoire : si vous désirez vous installer au Rwanda, apportez avec vous une copie originale d’un certificat d’antécédent judiciaire de votre pays de résidence!

Une nouvelle saga a commencé en mai… Maintenant que je peux prouver que je ne suis pas une criminelle au Canada, je dois fournir une attestation de célibat! Je dois confirmer que je n’ai jamais été mariée (ou que ma vie amoureuse est un « flop »). Pendant le mois de mai, des démarches ont été entamées afin d’obtenir un document ESSENTIEL pour le terrain : la fiche cadastrale. Pour l’émettre, le district a besoin de nombreux papiers, dont une attestation de célibat (ou de mariage), car au Rwanda, si je suis mariée, mon mari devient également propriétaire de la parcelle.

Au Québec, c’est le Directeur de l’état civil qui gère les attestations de mariage ou d’union civile. Cette attestation me permettra de confirmer que je suis célibataire, car il est impossible de trouver un acte de mariage ou d’union civile qui me concerne. Puisque je suis née en 1974, les recherches doivent être faites à partir du moment où j’avais 12 ans! Quoi 12 ans?!! À cette époque, au Québec, une enfant de 12 ans pouvait se marier! Merci maman de ne pas avoir accordé ma main à un riche pacha, qui m’aurait placée dans son harem, pour quelques dollars.

Aujourd’hui, à l’ère Facebook, il n’y a rien de plus facile que de prouver le statut matrimonial de quelqu’un. J’ai 219 amis Facebook qui peuvent attester que ma vie amoureuse est nulle. Est-ce que j’ai vraiment besoin d’un papier pour confirmer la chose ? Surtout que le dit « papier » va me coûter la modique somme de 112 $ et qu’il lui faudra trois semaines avant d’arriver au Rwanda. Bref, c’est un nouveau dossier à suivre…

Mais, même si je n’ai pas encore cette attestation, les démarches pour obtenir la fiche cadastrale ont beaucoup avancé. Nous pourrons donc, au mois de juin, faire la demande pour l’autorisation de bâtir (un deuxième document ESSENTIEL). En même temps, nous pourrons commencer à acheter les matériaux traditionnels pour construire les huttes. Ceux-ci doivent sécher pendant plusieurs semaines avant qu’on puisse les utiliser. J’espère qu’en juillet la première pelletée de terre pour construire le INZU Lodge sera donnée.

Lorsque j’ai fait les prévisions budgétaires du projet,  j’ignorais les coûts faramineux de construction au Rwanda. Aussi, dans mon budget, y avait-il un écart de plusieurs milliers de dollars. Un investisseur rwandais avait manifesté son intérêt pour devenir partenaire. Mais, pour les Rwandais, il est très difficile de comprendre que certains touristes (aventureux) apprécieront de dormir dans une hutte traditionnelle plutôt que dans un hôtel cinq étoiles. Donc: pas de partenariat. Mais, puisque les choses n’arrivent jamais pour rien dans la vie, j’ai trouvé une autre partenaire de choix. Quelqu’un qui me guide depuis toujours, qui essaye de rendre ma vie la plus agréable possible, qui me conseille de son mieux et qui croit au succès de mon projet : ma maman. Alors, INZU Lodge qui signifie en kinyarwanda « maison », mais aussi « famille », deviendra une affaire de famille. Je suis très contente de ce partenariat et je suis certaine qu’il sera bénéfique pour le projet (et pour moi-même).

Un fait cocasse : le matin du 23 mai 2011, à 6h36, j’ai été réveillée par un bruit sourd, les aboiements du chien du voisin et mon lit qui était secoué comme une feuille. J’étais plongée dans un sommeil profond, aussi, avant que je puisse reprendre mes esprits, tout s’est arrêté. En quelques secondes j’étais à la fenêtre pour savoir si c’était bien ce que je croyais. Mais j’entendais mes voisins vaquer à leurs occupations comme si rien ne s’était produit. J’ai ouvert la télévision, sur Rwanda TV, mais rien là non plus ! C’est seulement en soirée que j’ai dit à un ami que j’avais fait un cauchemar qui semblait très réel. D’un ton calme et détendu, comme si c’était un événement banal, il m’a confirmé que je n’avais pas rêvé, et qu’il y avait bien eu un tremblement de terre!

Les tremblements de terre sont assez fréquents au Rwanda puisque la région du sud-ouest, proche du lac Kivu, est située dans une zone de la vallée du Grand Rift est-africain où les mouvements de plaques tectoniques sont réguliers. Le 3 février 2008, un tremblement de terre d’une magnitude de 6.0 sur l’échelle de Richter avait secoué le Rwanda. Le séisme avait fait 43 morts (Congo : 6 morts, Rwanda : 37 morts) et plus de 400 blessés. Environ 1 200 familles avaient perdu leur maison et une vingtaine d’écoles primaires et quatre établissements secondaires avaient subi des dégâts. Le 23 mai dernier, le tremblement était d’une magnitude de 2,5 et n’a fait, heureusement, aucun mort ni blessé.

Le mois s’est terminé avec une petite fête entre amis que j’ai appelée « party poutine », non pas en l’honneur de Vladimir Poutine, mais bien du mets typiquement québécois. Depuis que je suis venue au Rwanda en 2010, j’ai maintenant une grande famille rwandaise. J’ai plusieurs mamans et papas, de nombreux frères et sœurs et de nouveaux amis. Tous ont gentiment accepté mon invitation et m’ont fait confiance lorsque je leur ai dit que nous allions manger de la poutine!

Pour sustenter ma trentaine d’invités, j’ai épluché sept kilos de pommes de terre, râpé deux meules de Gouda (la recette originale comprend du fromage cheddar en grain, mais je n’en ai pas trouvé au Rwanda) et mélangé trois sachets de sauce poutine St-Hubert que ma marraine m’avait envoyés directement du Québec (merci Francine). Le résultat a été succulent! Les Rwandais sont friands des frites, alors il n’y a aucune raison pour que la poutine ne devienne pas un plat rwandais. Je vous en reparle dans quelques années, lorsque j’aurai converti d’autres Rwandais à la poutine!

Ma grande famille rwandaise

C’est ainsi que le mois de mai se termine. INZU Lodge grandit de jour en jour. Je suis entourée de personnes extraordinaires qui font que le projet évolue et avance. J’espère donc que le mois de juin sera aussi prometteur que les cinq mois qui viennent de se terminer. Le 3 juin prochain, il y aura un an exactement que j’ai mis les pieds pour la première fois au Rwanda !

La grande saison sèche débute avec le mois de juin, ce qui met fin à la grande saison des pluies. Je n’ai pas eu besoin de bottes de pluie où de chaloupe pour me déplacer (comme dans certaines régions du Québec). Dans les prochains mois, j’aurai surtout besoin d’un chapeau et d’une bonne crème solaire.

4 commentaires sur « Cinq mois au pays des mille collines: bilan du INZU Lodge »

  1. Hé! belle poutine, qui sait, peut-être auras-tu encore l’occasion de pouvoir en faire profiter tes amis 🙂
    En attendant j’essaierai ta recette avec du Gouda.

  2. J’adore la photo de famille!
    Chanceuse d’être aussi bien entourée, its a blessing.
    J’aime aussi beaucoup le gars à la cravate jaune, ca ne s’invente pas.

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