Le 7 avril dernier, débutait la 18e commémoration du génocide. Pendant une semaine, les Rwandais, à travers tout le pays, ont participé à des cérémonies pour rendre hommage à ceux et celles qui ont perdu la vie lors de ces événements tragiques. Pour les rescapés, la douleur refait surface mais c’est aussi un moment pour faire la paix avec le passé. La phase de deuil se terminera le 4 juillet prochain.
Puisqu’au Rwanda, cette période de l’année est riche en émotions et que j’avais besoin de prendre quelques jours de repos, j’ai décidé d’aller faire un tour au Burundi, pays limitrophe du Rwanda.
De Kigali, il faut compter environ 5 heures de route. À Nyabugogo (Kigali), plusieurs compagnies de transport par autobus (Volcano, Belvédère, Yahoo, Jaguar, Horizon) offrent le trajet jusqu’à Bujumbura (Burundi). Un billet coûte 6 000 francs rwandais et les horaires de départ sont variés (à partir de 4ham jusqu’à midi environ).
Les autobus empruntent généralement la route qui passe par Butare (Rwanda). Mais certaines compagnies utilisent également la nouvelle route qui traverse le district de Bugesera (Rwanda). Bien que plusieurs croient que ce chemin est plus rapide, le kilométrage est presque le même. La différence c’est le temps que l’on passe à la frontière. Le poste frontalier de Kirundo-Gasenyi (Bugesera) est beaucoup moins achalandé que le poste frontalier de Kayanza (Butare).
Pour entrer au Burundi, il faut un visa, exception faite pour les ressortissants de l’East African Community (Kenya, Ouganda, Rwanda et Tanzanie) pour qui l’entrée est gratuite. Si vous résidez au Rwanda et que vous détenez une « Autorisation spéciale de circulation CEPGL », la procédure pour entrer au Burundi est très simple, rapide et sans frais. Le CEPGL est un document qui permet d’entrer sans visa dans la « Communauté économique des pays des Grands Lacs (CEPGL) », c’est-à-dire, au Burundi, en République Démocratique du Congo (RDC) et bien entendu au Rwanda.
J’avais prévu quitter Kigali le vendredi. Mais lorsque j’ai voulu réserver mon billet le jeudi soir, toutes les compagnies affichaient complet pour le lendemain. Aussi, j’ai quitté Kigali le samedi, à 6h30am. Afin de respecter le deuil national, le chauffeur avait fermé la radio dans l’autobus. Au poste frontalier de Kayanza, j’ai changé mes francs rwandais pour des francs burundais (45 000 Frw valent +/- 100 000 Frw burundais). Et dès notre entrée au Burundi, le chauffeur nous a tous réveillés en ouvrant au maximum le volume de la radio qui diffusait de la musique!!
Je suis donc arrivée à Bujumbura vers midi, sous un soleil radieux. La ville de Bujumbura, comparativement à Kigali, a été construite sur une surface plane et est entourée de montagnes.
Je ne me suis pas attardée dans la ville, car mon objectif était de passer quelques jours à la plage. J’ai donc pris un taxi-voiture jusqu’au lac Tanganyika.
Le lac Tanganyika est l’un des Grands Lacs d’Afrique. Il est le deuxième lac africain par sa surface, après le lac Victoria. Il est également le deuxième au monde par le volume et la profondeur, après le lac Baïkal. Finalement, il est le plus long lac du monde (677 km) et le plus poissonneux. Ses eaux rejoignent le bassin du Congo puis l’océan Atlantique.
J’avais prévu dormir à l’hôtel Keza, situé sur la plage Saga. J’y ai donc déposé mes valises et j’ai enfilé mes sandales afin de partir à la découverte des environs. Quelques mètres plus loin, se trouve la plage Bora Bora. Des hôtels et des restaurants longent les rives du lac.
Restaurant/Bar sur la plage Bora Bora, Burundi
Restaurant/Bar sur le plage Saga, Burundi
Dans la majorité des restaurants et hôtels de Bujumbura, vous pouvez déguster la spécialité locale, le poisson « mukeke ». Ce poisson très tendre et savoureux vaut grandement la patience dont on doit faire preuve avant d’être servi ! Vous pouvez également essayer le « sangala », tout aussi succulent.
Pour accompagner votre poisson, essayez la « Amstel Bock » ! Une bière rousse, pratiquement impossible à trouver au Rwanda.
Les berges du lac Tanganyika ont longtemps été « hantées » par le crocodile Gustave. Sa taille était estimée à près de 7 mètres et il aurait avalé plus d’une centaine de personnes. Le nom de Gustave lui a été attribué par Patrice Faye, un Français résidant au Burundi, qui le poursuit depuis 1998. En 2002, Faye et une équipe de journalistes essayèrent de capturer Gustave, sans succès, à l’aide d’un énorme piège. L’expédition donna lieu à un documentaire intitulé Capturing the Killer Croc, diffusé sur la chaîne PBS en mai 2004.
J’ai demandé à plusieurs personnes si elles avaient rencontré dernièrement Gustave. Mais toutes m’ont répondu qu’il avait disparu, probablement parti en Tanzanie ou au Congo ! Vous pouvez quand même voir de beaux spécimens de crocodiles en allant visiter le Parc National de la Rusizi. Le parc est situé à environ 15 minutes en voiture de la plage Saga. Je vous conseille FORTEMENT de le visiter en voiture ou en Jeep, car vous pourriez croiser un hippopotame sur votre route…
Ce n’est pas Gustave, mais on ne voudrait pas faire un face à face avec lui !
Accompagnée d’un ami et d’un guide, nous avons exploré les marais longeant le lac Tanganyika. Nous y avons vu crocodiles et hippopotames se prélasser dans l’eau. Sur le chemin du retour, à moins de 100 mètres de nous, un hippopotame nous attendait. J’étais très contente de voir cet animal imposant dans sa totalité, car tous ceux que nous avions vus n’avaient que les narines qui sortaient de l’eau. Mais personne ne partageait ma joie. Notre guide était devenu presque blanc et mon ami me faisait les gros yeux. Le guide essayait désespérément d’appeler la sécurité pour qu’on vienne nous chercher, mais celui-ci n’avait plus de crédit dans son téléphone portable !!!! Aussi, nous sommes partis en pleine forêt pour contourner la bête et retourner à l’entrée du parc. Je ne comprenais pas pourquoi nous devions prendre toutes ces précautions. Ultérieurement, j’ai donc cherché un peu plus d’information sur cet animal qui me semblait, de prime abord, bien sympathique. Voici ce que j’ai trouvé sur Wikipedia à propos de l’hippopotame :
« Bien qu’il soit herbivore, c’est l’animal le plus dangereux d’Afrique. Il protège férocement son territoire, celui-ci étant la cause de la plupart des attaques sur les humains. »
Euh !!! Le « plus dangereux d’Afrique »!!!
Maintenant, je comprends le désarroi du guide et la crainte de mon ami. Nous l’avons échappé belle. C’est pourquoi je vous recommande, à nouveau, de vous déplacer dans un véhicule, lors d’une visite au Parc National de la Rusizi.
Après toutes ces émotions, j’étais très contente de retrouver ma chambre d’hôtel pour y passer une bonne nuit de sommeil. Hélas, certaines chambres de l’hôtel Keza (Urugo Keza) sont situées directement sur la plage. Et malheur ! La plage Saga est un endroit de divertissement. Donc, pendant la journée et jusqu’en soirée, un DJ fait jouer des chansons le volume au maximum. Impossible de dormir ! Finalement, vers 23h, la musique s’est tue… pour faire place aux moustiques.
Les lits de l’hôtel Urugo Keza sont entourés d’un tissu qui n’empêche pas les moustiques de vous embêter. J’ai demandé qu’on nous apporte une moustiquaire. L’hôtel n’en avait pas !!! Je me suis donc réveillée à 7h le lendemain matin, mangée par les moustiques, au son des tambours et des chants. Nous étions le dimanche de Pâques et on baptisait des gens dans le lac !!! C’en était trop pour moi !!! J’ai changé d’hôtel…
À quelques pas de l’hôtel Keza, se trouve l’hôtel Karera. Un endroit calme et paisible avec une plage magnifique.
Les deux nuits suivantes ont été très reposantes. J’ai quitté le Burundi le corps et la tête reposés. Nous sommes partis le mardi suivant pour retourner à Kigali. Mais, encore une fois, toutes les compagnies d’autobus affichaient complet. L’ami qui m’accompagnait nous a donc trouvé un taxi-voiture qui nous amènerait jusqu’à la frontière. Ensuite, nous avions planifié de prendre un petit taxi-bus jusqu’à Butare, pour finalement prendre un taxi-bus express jusqu’à Kigali. Une longue journée s’annonçait. Heureusement, quelques minutes avant notre départ, des amis nous ont téléphoné pour nous dire qu’ils retournaient à Kigali en voiture et que l’on pouvait se joindre à eux. Murakoze cyane !!
Nous avons parcouru les routes sinueuses du Burundi sous un soleil éclatant. Nous nous sommes arrêtés dans une petite buvette pour déguster une dernière Amstel Bock. Notre chauffeur, voulant gagner du temps à la frontière, avait décidé de prendre la route qui rejoint le district de Bugesera. Quelques tronçons de cette route sont bordés de conifères. Le paysage est très joli.
Finalement, nous sommes arrivés à la frontière à 18h10. La route était fermée par un cordon et tous les bâtiments étaient dans l’obscurité. Notre chauffeur et mon ami sont allés en éclaireurs. Ils sont revenus bredouilles. Le poste frontalier fermait à 18h!! Impossible de se rendre au Rwanda. Nous avons rebroussé chemin jusqu’au village de Kirund où nous avons trouvé un petit hôtel pour la nuit. C’est donc au petit matin que nous avons mis les pieds au Rwanda.
Malgré de petits inconvénients, mon séjour au Burundi a été très agréable. J’y retournerai assurément un jour. Mais ma prochaine destination sera l’Ouganda et le lac Bunyonyi.
Vous pouvez voir toutes les photos du Burundi en cliquant ici.
“Heureux qui comme Ulysse (1) a fait un long voyage…” Ou plutôt:
“Heureuse qui comme Marie-Noëlle a fait un beau voyage…” et est revenue à la maison reposée, revigorée. Et heureuse l'”innocente” (dans le sens qui ignore le mal et surtout le danger!!!) car elle n’a pas été “chargée” par “l’animal le plus dangereux d’Afrique”… Ce qui fait que sa maman, elle, est bienheureuse de savoir sa fille en bon état!!!!!!!!!!!!!
Contente que tu aies pris des vacances. Tu les méritais amplement. Tu as travaillé sans relâche depuis plus de 15 mois et tu continues! Mais décidément, tu es venue au monde pour me faire avoir des sueurs froides dans le dos!!!!!!!!
T’aime ma belle grande et suis bien fière de toi. Continue ton magnifique travail. It is outstanding!!!!!!!!!
(1) Ulysse de L’Odyssée d’Homère (de vieilles séquelles de mon “cours classique”…)
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Je me suis intéressée a ce pays quand j’ai vu de magnifiques photos de voyage d’une lors de son retour et l’idée de faire un voyage à Burundi m’as hanté depuis. Après lecture de votre article, j’en suis plus que convaincu. Merci pour le partage !
Caroline N.
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