Sept mois au pays des mille collines: bilan du INZU Lodge

Dans mon dernier bilan, je vous faisais part de ma « fatigue » culturelle. Ce n’est pas toujours facile de s’adapter à un nouveau pays et à une culture très différente de la nôtre. Mais heureusement, en juillet, j’ai eu la chance de me reconnecter avec les raisons pour lesquelles j’aime le Rwanda. Une de ces raisons est la beauté du Rwanda. En kinyarwanda on dit: « Rwanda Nziza ».

Je suis donc allée, avec des amies, visiter le Parc National de Nyungwe. Je n’avais jamais vu cette région du Rwanda. Comme pour tout le reste du pays, j’ai été époustouflée par l’abondance et la richesse de la végétation ainsi que la diversité de la faune. Pendant trois jours, j’ai parcouru (à m’en donner mal aux cuisses) plus de 25 km de piste à travers la forêt tropicale de Nyungwe. Un bol de nature qui m’a revivifiée! Vous pouvez voir des photos du Parc National de Nyungwe en cliquant ici.

Ensuite, nous sommes allées visiter le Parc National de l’Akagera. L’année dernière, j’étais déjà allée en safari dans le Parc Akagera. Mais ce type d’expérience est toujours unique! Puisque c’est l’homme qui va à la rencontre des animaux, on ne sait jamais ce qu’on va voir. Cette fois-ci, un groupe de girafes se tenaient à quelques mètres de nous. Calmes, sereines et élégantes elles m’ont beaucoup impressionnée. Peu connu encore comme destination « safari », le Parc Akagera permet donc de voir les animaux en toute tranquillité. Durant les  six heures que nous avons passées dans le Parc, nous avons croisé un seul véhicule. Pour voir des photos du Parc National de l’Akagera cliquez ici.

Pendant ce temps, le projet INZU Lodge avançait à pas de tortue. Mais comme le démontre la morale de la fable de Lafontaine « Le lièvre et la tortue », il ne sert à rien de courir, il faut partir à point. J’ai obtenu la lettre du Rwanda Development Board qui mentionne que mon projet peut aller de l’avant, même si j’utilise la paille comme matériau de construction. Ensuite, nous avons demandé l’autorisation de bâtir. Elle aurait dû nous être accordée en quelques jours seulement si la fiche cadastrale avait été en bonne et due forme.

Quoi ?!? Comment ça, la fiche cadastrale n’est pas conforme? Ça fait plus de deux mois qu’on l’a demandée! Et quand la muzungu s’énerve, les Rwandais rient et ils répondent: « C’est comme ça l’Afrique! ».

Depuis plusieurs mois, le National Land Center répertorie toutes les parcelles du Rwanda et émet de nouveaux numéros pour les fiches cadastrales. Suite au génocide, beaucoup de litiges ont surgi afin de déterminer la propriété de plusieurs terrains. Aujourd’hui, le gouvernement rwandais essaie de clarifier le tout et d’officialiser les titres de propriété. Donc, je dois moi aussi obtenir un nouveau numéro de fiche cadastrale. Mais le National Land Center n’est pas encore arrivé dans le quartier où se trouve ma parcelle. Alors, il a fallu  demander de faire une exception pour mesurer et numéroter mon terrain. Tout semblait être rentré dans l’ordre…sauf qu’on a oublié de dire à la personne qui s’occupe pour moi de tous ces papiers que je devais les signer.

Quoi?!? Mais pourquoi vous ne l’avez pas dit avant ? J’aurais amené les papiers à Kigali à Mme DeVito pour qu’elle les signe! Alors, quand un Rwandais s’énerve contre d’autres Rwandais, la muzungu rit à son tour et elle répond: « Mais c’est comme ça l’Afrique! ».

Bref, tant que nous n’avons pas la fameuse fiche cadastrale, avec un bon numéro, nous n’aurons pas l’autorisation de bâtir. Pas d’autorisation signifie pas de pelletée de terre pour commencer les travaux. Est-ce que INZU Lodge ouvrira ses portes en janvier 2012 ? Je ne sais pas… mais ne vous inquiétez pas, j’ai d’autres idées dans ma manche que je vous dévoilerai bientôt! J’espère quand même qu’en août nous pourrons avoir tous les documents. Dossier à suivre…

La saison sèche est arrivée, avec beaucoup de soleil et son lot de mariages ! En quelques semaines à peine,  j’ai assisté à deux dots et un mariage. Les différentes cérémonies entourant un mariage sont abondantes. Généralement, la première étape est le mariage civil. Ensuite, la famille de la mariée reçoit la famille du marié pour la dot. Cette rencontre est très importante et toujours très traditionnelle. Le jour même, ou le lendemain,  la cérémonie religieuse a lieu, suivie d’une réception où les nouveaux époux partagent le gâteau et reçoivent les cadeaux. Finalement, le tout se termine au petit matin, avec une grande fête où tout le monde danse et s’amuse. À travers tout ça, des cérémonies du lait, de coupe de cheveux pour la mariée, etc. Bref, le mariage est une grande institution au Rwanda et plus vous avez d’argent et d’amis, plus la fête est grandiose. Dans les prochaines semaines, j’écrirai un article sur toutes les étapes d’un mariage rwandais.

Le futur marié qui attend sa future épouse pendant la cérémonie de la dot

La future mariée exhibe fièrement sa bague pendant la cérémonie de la dot

Finalement, le 22 juillet dernier, je suis allée au vernissage d’une exposition d’art Imigongo, de l’organisme Rwanda Avenir. Cette maison, située dans le quartier Kimironko, à Kigali, soutient des veuves du génocide. Cet organisme a été créé en 2004, lors de la dixième commémoration du génocide qui a fait près d’un million de morts. Rwanda Avenir s’est fixé comme objectif de participer à la reconstruction psychique des victimes et d’aider prioritairement les femmes rescapées, isolées ou regroupées dans des associations.

C’est ainsi, qu’en mars 2008, un groupe de femmes a fait un voyage de trois jours à Nyarubuye, pour se rendre à la Coopérative Abakundamuc afin d’y recevoir une première initiation à la réalisation des Imigongo. Plus tard, cette même année, une formation artistique de quatre semaines sur l’art Imigongo a été dispensée par les artistes de Nyarubuye à 20 femmes et jeunes filles de Rwanda Avenir. Aujourd’hui, elles sont fières d’exposer leurs œuvres dans leur toute nouvelle maison de Kimironko. Vous pouvez les visiter jusqu’au 31 août 2011. N’hésitez pas à les encourager en achetant un des ces petits chefs-d’œuvre.

Pour voir un vidéo sur la conception des Imigongo, cliquez ici.

Voilà ! C’est ainsi que mon septième mois au pays des mille collines se termine. De très bonnes amies à moi ont déménagé mes effets personnels qui étaient restés au Canada. Maintenant, mon chez-moi est ici au Rwanda. Je continue tous les jours à m’adapter à la vie africaine, aux us et coutumes du Rwanda et à créer de nouvelles amitiés. Je vous laisse avec les dernières lignes de la fable « Le lièvre et la tortue ». J’aime bien quand la tortue répond au lièvre : « Et que serait-ce si vous portiez une maison? ». Moi aussi, ma maison est, aujourd’hui, sur mon dos et je l’apporterai partout où j’irai.

« …A la fin, quand il vit

Que l’autre touchait presque au bout de la carrière,

Il partit comme un trait; mais les élans qu’il fit

Furent vains : la tortue arriva la première.

« Eh bien! lui cria-t-elle, n’avais-je  pas raison ?

De quoi vous sert votre vitesse ?

Moi l’emporter! et que serait-ce

Si vous portiez une maison ? »

Le lièvre et la tortue, Jean de Lafontaine

6 commentaires sur « Sept mois au pays des mille collines: bilan du INZU Lodge »

  1. Bravo pour votre persévérance. Je suis très admirative de votre démarche.
    Monter un projet comme celui-là dans son propre pays, c’est déjà pas évident, mais sur un autre continent dans une culture différente : chapeau !
    J’adore la photo des mariés. Ils sont si beaux…
    Bon courage pour la suite du projet !
    Pascaline

  2. Marie-Noëlle,

    C’est toujours un plaisir de te lire…
    En effet, cela prend beaucoup de courage pour prendre les décisions que tu as prises. Soit de quitter ton pays natal, ta famille, tes amis, tes repères pour suivre ton coeur et choisir d’entreprendre un nouveau chapitre de ta vie avec de nouveaux défis sur un autre continent. Pas une mince affaire. Mais, je vois que ta vision, ta détermination, ta motivation et ton enthousiasme te portent vers l’accomplissement de tes rêves. Bravo ! Anni xx

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